Musique

Environ 800 documents
Manuscrits, imprimés

Le fonds musical ancien de la Bibliothèque Mazarine compte quelque 7 à 800 pièces manuscrites et imprimées du IXe au XVIIIe siècle.

Le cœur du fonds médiéval est composé d’un corpus d’environ 120 manuscrits contenant des notations musicales, identifiés et décrits par Madeleine Bernard en 1966. A l’exception de quelques recueils hagiographiques et de fragments de chansonniers, cet ensemble est essentiellement d’ordre liturgique ; aux missels, majoritaires, ainsi qu’aux bréviaires et psautiers, bien représentés, s’ajoutent des graduels, lectionnaires, rituels, pontificaux, évangéliaires, collectaires, prosaires, et un processional. Un livre d’heures à l’usage de Cîteaux (Ms 472, XVe s.) contient un office des morts noté, fait exceptionnel pour ce type d’ouvrages destiné à la récitation privée. Ils ont pour lieu de production la France, notamment Paris, mais quelques-uns proviennent de Flandre, des Pays-Bas, d’Italie. Dans ce corpus assez tardif (les XIVe et XVe siècles en représentent les deux tiers, le XIIIe siècle, 15 %, les XIe et XIIe siècles, 15 % également, les IXe et Xe siècles, 5 %), la notation carrée domine. On compte toutefois une vingtaine d’exemples de notation neumatique, notamment française (le Graduel de Saint-Denis du XIe siècle – ms. 384 – en est le représentant le plus connu) mais aussi lorraine ou bretonne, ainsi que quelques exemples de notation en points liés ou à petits carrés. Des compléments à cet ensemble sont en cours d’identification (fragments de manuscrits médiévaux, réemplois dans des reliures, manuscrits liturgiques de l'époque moderne).

Le fonds de musique ancienne imprimée représente environ 600 pièces. Les livres liturgiques, majoritairement français, en constituent un grand tiers. La musique instrumentale et vocale, surtout profane, en représente un autre tiers : des chansons polyphoniques de la Renaissance française (Clément Jannequin, Clauden de Sermisy…) imprimées à Paris chez Pierre Attaingnant, des madrigaux publiés à Rome chez Antonio Gardano ou encore des tablatures pour guitare publiées par Adrian Le Roy et Robert Ballard, aux comédies à ariettes du XVIIIe siècle (Favart ou Marmontel pour les textes, Duni ou Grétry pour la musique) en passant par les compositions de Boësset ou Moulinié. Chacun de ces deux ensembles se répartit également sur les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. On y observe une large représentation des différentes techniques de production du texte musical : éditions mixtes (imprimées et manuscrites), gravure sur bois, typographie dissociée ou à un temps, taille-douce... Les traités forment un ensemble assez important d’une centaine de pièces, depuis l'Enchiridion musices de Volcyr de Sérouville au Traité de l’harmonie reduite à ses principes naturels de Rameau, en incluant de nombreux ouvrages du Père Mersenne. Le reste du fonds se partage entre différents genres contenant secondairement de la musique notée (par exemple poésie, théâtre).
Constitué en deux étapes principales, les acquisitions faites par Naudé et Mazarin et la sélection opérée par l’abbé Le Blond dans les dépôts littéraires sous la Révolution, ce fonds n’est pas des plus homogènes (Lully, par exemple, en est presque absent). Sur la centaine de documents acquis par Naudé, qui considère la musique sous l’angle de la science et de l’érudition, on compte une majorité de traités musicaux mais aussi de la musique pour luth, des recueils de messes ou motets. Si le fonds musical conserve peu de témoins des nombreuses représentations de musique italienne organisées à Paris par Mazarin, il contient néanmoins quelques exemplaires prestigieux offerts au Cardinal ou à des membres de sa famille (notamment les sonates de l’Ozio regio composées par le violoniste Marco Uccellini, imprimées à Venise en 1660). Les pièces acquises sous la Révolution sont de provenances variées : par exemple un Art de toucher le clavecin de Couperin, exemplaire personnel de son protecteur le comte de Toulouse, ou quelques traités laissés par Mersenne aux Minimes de Paris.

Ce fonds fait l’objet, depuis 2018, d’un programme de numérisation, conduit en partenariat avec la Bibliothèque Sainte-Geneviève et l’IReMus, avec le soutien de la Bibliothèque nationale de France.

Madeleine Bernard, Répertoire de manuscrits médiévaux contenant des notations musicales. Tome II – Bibliothèque Mazarine. Paris : CNRS, 1966.

Laurent Guillo, « Le Fonds musical », dans Art et métiers du livre, n° 222, 2000-2001 (dossier spécial La Bibliothèque Mazarine), p. 79-83.

Jeannine Basso

100 ouvrages
Imprimés XVIe-XIXe siècles

Jeannine Basso (1927-2015), après avoir consacré une thèse de doctorat à la littérature épistolaire italienne à l’époque moderne (L’épistolographie en langue italienne, 1538-1662), a publié de nombreux articles sur le sujet et exercé une charge de professeur au département d’Italien de l’Université de Lille. Sa thèse, soutenue en 1982, a constitué la matière d’un ouvrage de référence publié en 1990 : Le genre épistolaire en langue italienne, 1538-1662 : répertoire chronologique et analytique.

Conformément à sa volonté, la Bibliothèque Mazarine a recueilli en 2014 une partie de sa bibliothèque personnelle, soit une centaine d’éditions anciennes directement liées à son domaine de recherche : recueils de correspondances personnelles, anthologies d’épistoliers célèbres, traités de correspondance et manuels de secrétariat. La quasi-totalité du fonds est en italien, plus de la moitié des éditions ont été imprimées à Venise, 15 % à Rome et 5 % à Florence, le reste dans une quinzaine d’autres cités italiennes, sauf deux éditions françaises et une hollandaise. 40 % datent du XVIIe siècle, le reste se répartit également entre le XVIe et le XVIIIe.

La littérature épistolaire a fait l’objet de plusieurs tentatives de classification, selon la théorie aristotélicienne des trois genres (démonstratif, délibératif, judiciaire), ou d’après la typologie de Jacques-Joachim Trotti de La Chétardie (lettres d’affaires, lettres familières, lettres galantes, billets doux et lettres de compliments). Elle est également marquée, depuis la Renaissance, par une tendance continue à passer de la sphère privée à la divulgation publique. Ainsi Annibale Guasco publia dans un même recueil, imprimé à Trévise en 1603, ses madrigaux et sa correspondance personnelle - qui comprenait des lettres de compliments et d’envoi de sa production poétique.

Le Del secretario overo Formulario di lettere missive et responsive de Francesco Sansovino, publié à Venise en 1569 et réédité en 1580, constitue l’un des plus remarquables de ces manuels qui fournissaient des modèles et enseignaient les règles d’usage de l’art épistolaire. On citera encore le recueil de correspondance professionnelle de Bernardino Baldoni, qui comprend propositions d’emploi et réponses (Il secretario, 1628), ou le traité de Bartolomeo Zucchi (L'idea del segretario…rappresentata & in un trattato de l'imitatione, e ne le lettere di principi, e d'altri signori, 1600) qui rassemble des lettres de la plupart des épistoliers connus, depuis l’Antiquité jusqu’au Tasse et à Guarini. Le succès du genre conduisit aussi plusieurs éditeurs à traduire et éditer des épistoliers anciens, comme Cicéron, Horace ou Ovide.

Jeannine Basso, Le genre épistolaire en langue italienne, 1538-1662 : répertoire chronologique et analytique. Rome, Bulzoni, 1990.

Marcel-Lenoir

Environ 200 lettres et une vingtaine de textes manuscrits
Correspondance, textes, croquis

Jules Oury (1872-1931), fils d'un orfèvre de Montauban, fut au début du XXe siècle une figure de la bohème artistique parisienne sous le pseudonyme de Marcel-Lenoir. Dessinateur, graveur, enlumineur, peintre, il a developpé en marge des courants artistiques du temps, une œuvre protéiforme – de l'estampe à la fresque – tour à tour symboliste, néo-classique ou mystique. Il publia également en 1908 un recueil de poèmes, de pensées et d'aphorismes sous le titre de Raison ou Déraison.
Le fonds Marcel-Lenoir, constitué d'archives privées, provient de Zoé Chappé (1874-1951), pendant une dizaine d'années la compagne et la muse de Marcel-Lenoir qui l'appelle Géo et la considère comme « Madame Marcel-Lenoir » bien que le mariage n'ait jamais été officialisé. À la correspondance entre Marcel-Lenoir et Géo, qui, au-delà de sa dimension personnelle, donne de nombreux détails sur le travail de Marcel-Lenoir durant les années 1909-1920, s'ajoutent des lettres adressées au peintre par ses amis, admirateurs ou confrères parmi lesquels Guillaume Apollinaire, Antonin Artaud, Bourdelle, Rodin... Divers écrits de Marcel-Lenoir, pour certains comportant des esquisses, complètent cet ensemble, légué par Zoé Chappé à la Bibliothèque Mazarine où exerçait alors la belle-sœur de Marcel-Lenoir, Suzanne Oury.
Le fonds est entièrement  décrit dans Calames et fait actuellement l'objet d'une étude approfondie en partenariat avec l'équipe du Musée Marcel-Lenoir à Montricoux et particulièrement avec Mme Marie-Ange Namy, spécialiste de l'œuvre de Marcel-Lenoir à qui elle consacre actuellement une thèse d'Histoire de l'art.

Genealogy and Heraldry

2200 documents
manuscripts, printed books

Of all the auxiliary sciences of history, genealogy and heraldry are probably the best represented in the Library's collections.
The early part of the collection – the historic core and the revolutionary confiscations – accounts for some 200 titles, to which should be added about 120 manuscripts. It includes the classic reference works: treatises on coats of arms, genealogies and armorial bearings for the nobility, royal officials, judicial institutions, orders of knighthood, congregations, etc., and the genealogical history of the great families. This collection swelled in the 1880s, because the ministerial decree which moved the library of the learned societies into the Mazarine's buildings brought an influx of documentation on local and regional French history. The decree attributed general works of history and local archaeology directly to the Mazarine Library. When the library of the learned societies left, in 1888, this trend continued, in particular with the attribution of legal deposit copies of books on heraldry, and was confirmed decisively with the reform of the legal deposit in 1925, which sent the Library a copy of the printer's legal deposit of all French publications on local history. This attribution enabled the Library to accompany the broadening and democratisation of genealogical research in the last quarter of the twentieth century, shown by numerous publications, monographs (1,000 since 1975, compared with a third of that number up to that date), local, departmental or regional collections or journals (at least 20 on genealogy alone) published by specialist associations or learned societies from all over France. The library adds to or updates its reference works, in particular by the regular acquisition of genealogical and heraldic tools, available in open access.
The Library's heritage collections, both manuscripts and printed books, constitute a considerable corpus of heraldic devices, painted, drawn, printed, or engraved coats of arms.

Charles-Hippolyte de Paravey

490 documents
Printed books

On 4 November 1880, the library accepted a gift from the heirs of Charles-Hippolyte Paravey. The 490 works, including about a hundred brochures and reprints bound in volumes (i.e. about 270 19th-century works up until 1865, 185 from the 18th century, 30 from the 17th, 3 from the 16th) were listed and catalogued during the first semester of 1881, and integrated in the library by format.

Paravey was born in Fumay (in the present-day département of the Ardennes) on 25 September 1787 and died in Saint Germain en Laye en 1871. He studied at the Ecole centrale in Charleville-Mézières and was admitted to the École polytechnique in 1803, later studying at the Ecole d'application des Ponts et Chaussées (1806). As a young engineer under the French Empire, he worked in Mons, Brussels, Ghent, Arles, and Clermont-Ferrand. Lieutenant with the Engineers in 1813, he joined the Department of Civil Engineering in 1814 and retired in 1848. At the same time, he was deputy inspector of the École polytechnique in 1816, resisting government efforts to close the school down. He was a founder member of the Société asiatique in 1822. From the 1820s – and until the 1860s – he developed a theory on the history of civilisations, which he expounded in studies on the measurement of time, cosmology, the zodiac, linguistics and mythology. He considered that all civilisations originated in somewhere in the Near or Middle East, before the Deluge. Although he stayed within strict Catholic lines, true to the Biblical tradition, his extensive comparativism was original.

His intellectual roaming took him from ancient Egypt to the Americas, from the far North to the South Seas, from ancient Europe to Asia (especially China). He travelled widely in France and abroad, meeting and corresponding with European scholars. Over nearly half a century he regularly sent his studies to the Academy of Sciences, without ever becoming a member of the Institute, where he had many critics. He was a traditionalist, opposing Biot, Arago or Humboldt, and the materialists in general; he usually published in the Annales de la philosophie chrétienne, L'Université catholique or La France littéraire, artistique et scientifique (Lyons); the Journal asiatique accepted only two of his articles. He was deeply attached to the Pyrenees.

The Paravey collection forms a coherent whole: land and sea voyages, exploration, discoveries, missions, colonisation, geography, ethnography, manners and customs, archaeology, history of the continents, countries, archipelagos and islands of the Old and New Worlds form the bulk of a collection that is almost exclusively French, but includes numerous translations of Spanish, Portuguese, English, Dutch or German texts.
Paravey's copious marginal notes reveal the history of the collection and his working methods. Paravey annotated his books, sometimes making cutting comments about a text or author. A penchant for China and Chinese can be seen in frequent marginal notes in which he tried to translate a term from another civilisation into ideograms or phonetics. This collection gives a glimpse of a library that was read and used, a tool and a working document for a researcher on the fringe of the academic world, but typical of the scientific milieus of the first half of the nineteenth century.

Jean-Claude DROUIN, « Un esprit original du XIXe siècle : le chevalier de Paravey (1787-1871) », Revue d'histoire de Bordeaux et du département de la Gironde, 1970, p. 65-78.