Jonathan Carver, Voyage dans l'Amérique, 1784

Charles-Hippolyte de Paravey

490 ouvrages
Imprimés

La Bibliothèque Mazarine accepta le 4 novembre 1880 la proposition de don des héritiers de Charles-Hippolyte Paravey. Les 490 ouvrages, dont une centaine de brochures et tirés à part regroupés en recueils (soit environ 270 ouvrages du XIXe siècle jusqu'en 1865, 185 du XVIIIe, 30 du XVIIe, 3 du XVIe) furent inventoriés et catalogués durant le premier semestre de 1881, et intégrés parmi les nouvelles entrées de la bibliothèque en fonction de leur format.

Né le 25 septembre 1787 à Fumay (actuel département des Ardennes), mort à Saint-Germain-en-Laye en 1871, Paravey étudia à l'école centrale de Charleville-Mézières et fut admis à l'École polytechnique dès 1803, avant de suivre les cours de l'école d'application des Ponts et Chaussées (1806). Dans le cadre de l'Empire français, le jeune ingénieur effectua des missions à Mons, Bruxelles, Gand, Arles, Clermont-Ferrand. Lieutenant du génie en 1813, il intégra définitivement l'administration des Ponts et Chaussées à partir de 1814 et partit en retraite en 1848. Parallèlement, il fut en 1816 sous-inspecteur de l'École polytechnique, qu'il travailla à maintenir alors que le gouvernement voulait la supprimer. Il participa à la fondation de la Société asiatique en 1822. Dès les années 1820 - et jusque dans les années 1860 - il développa une théorie sur l'histoire des civilisations, exposée dans des études relatives à la mesure du temps, à la cosmologie, au zodiaque, à la linguistique et aux mythologies. Il considérait que les civilisations avaient une origine commune, et étaient toutes issues d'un foyer unique, situé au Proche- ou au Moyen-Orient avant le déluge. Sa démarche scientifique s'accomplissait dans un catholicisme strict et fidèle à la tradition biblique, mais originale par son comparatisme très étendu.

Ses pérégrinations intellectuelles le menèrent de l'Égypte ancienne aux Amériques, du grand Nord aux mers australes, de l'Europe antique à l'Asie (Chine surtout). Grand voyageur en France et à l'étranger, il noua de nombreux liens directs puis épistolaires dans les milieux savants européens. Il adressa ou présenta régulièrement pendant près d'un demi-siècle une multitude de travaux à l'Académie des sciences, sans jamais devenir membre de l'Institut, où il eut nombre de détracteurs. Traditionaliste, s'opposant à Biot, Arago ou à Humboldt, et aux matérialistes en général, il publia le plus souvent dans les Annales de la philosophie chrétienne, dans L'Université catholique ou encore dans La France littéraire, artistique et scientifique (Lyon) ; il ne put faire admettre que deux articles dans le Journal asiatique. Il eut enfin un attachement très personnel pour les Pyrénées.

Le fonds Paravey manifeste une grande cohérence : voyages sur terre et sur mer, explorations, découvertes, missions, colonisations, géographie, ethnographie, mœurs, us et coutumes, archéologie, histoire des continents, pays, archipels et îles de l'Ancien et du Nouveau Monde, constituent l'essentiel d'un contenu presque exclusivement français, mais comportant de nombreuses traductions de textes espagnols, portugais, anglais, néerlandais ou allemands.
Abondantes, les notes de Paravey sur ses exemplaires permettent de retracer l'histoire de la collection et ses méthodes de  travail. Paravey annotait ses livres, livrant un avis parfois tranché sur un texte ou un auteur. Une sorte de prédilection pour la Chine et le chinois ressort de fréquentes mentions marginales où il tentait de traduire en idéogrammes ou en phonétique tel ou tel terme issu d'une autre civilisation. Ce fonds donne à voir une bibliothèque lue, utilisée, outil et support de travail d'un chercheur un peu en marge du monde académique, mais représentatif des milieux scientifiques de la première moitié du XIXe siècle.

Jean-Claude DROUIN, « Un esprit original du XIXe siècle : le chevalier de Paravey (1787-1871) », Revue d'histoire de Bordeaux et du département de la Gironde, 1970, p. 65-78.